Les nombreux ouvrages publiés par Bracaval depuis 1978 dans le cadre de «l’atelier du Pré Nian» témoignent de sa persévérance à produire quelques-uns des plus beaux fleurons contemporains du livre d’artiste. Le nom d’atelier convient bien au caractère artisanal de l’entreprise: paradoxalement, ces techniques traditionnelles de la typographie au plomb et de la gravure sur bois se réfèrent au passé millénaire du livre et de l’estampe et révèlent textes poétiques et images plastiques tout en restant bien ancrés dans notre temps. C’est la marque d’une exigence de qualité, celle des poètes et des plasticiens auxquels Bracaval propose ses presses.
Inévitablement, cette recherche de la perfection évoque l’intransigeance de Mallarmé vis-à-vis de ses éditeurs. Aussi faut-il rappeler la place que tient Mallarmé dans l’histoire du livre illustré par de grands artistes: de L’Après-midi d’un faune à la traduction du Corbeau d’Edgar Poe, sa collaboration avec Édouard Manet est à ce titre exemplaire.
Bracaval éditeur renoue donc avec cette tradition du «livre rare» et cela suffirait à justifier sa présence au musée Mallarmé.