Que François du Quesnoy, “Il Fiammingo’ comme le surnommaient ses contemporains, ait été l’un des plus importants sculpteurs du Seicento, était déjà une chose admise du vivant de l’artiste et n’a cessé de l’être jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant, contrairement à Bernin et à l’Algarde, qui ont fait l’objet d’importantes monographies, aucun ouvrage de fonds ne lui avait été récemment consacré. L’étude de Marion Boudon-Machuel vient combler cette lacune et satisfaire l’attente des spécialistes. Le catalogue de l’œuvre et l’essai qui l’accompagne, l’un et l’autre abondamment illustrés, permettent désormais de mieux saisir la singularité d’une figure essentielle de la sculpture du 17^e siècle.
Si le corpus de Du Quesnoy comprend un nombre restreint de numéros, le succès de son œuvre tient au fait exceptionnel que chacune de ses “inventions”, exprimée dans le bois, la terre, l’ivoire, le bronze ou le marbre, a suscité l’admiration et a été abondamment copiée.
La réputation du sculpteur repose avant tout sur ses sculptures de très jeunes enfants à la chair tendre. Le “putto moderno” de Du Quesnoy, comparable à ceux peints par Titien ou par Rubens, a servi de modèle à de nombreux artistes, en premier lieu aux amis du sculpteur, Poussin, Sacchi et Spierincks, qui les ont fréquemment représentés dans leurs œuvres. “L’Enfant François” fut également très prisé des collectionneurs dans l’Europe du 17^e siècle, et plus encore dans celle du 18^e siècle.
Les sculptures, de petites ou moyennes dimensions, sur des sujets mythologiques destinées aux amateurs, mais aussi les grandes statues religieuses du sculpteur, le Saint André à Saint-Pierre de Rome et la Sainte Suzanne à Sainte-Marie-de-Lorette, traduisent une profonde connaissance de l’Antique. Du Quesnoy s’est en effet longuement pénétré de l’art des anciens, en compagnie de Poussin notamment avec lequel il partageait cette passion: son œuvre est un autre volet de l’histoire de la redécouverte de l’Antiquité dans la Rome du 17^e siècle.
Du Quesnoy est ainsi apparu comme l’un des tenants du “classicisme”, aux côtés de Poussin, Sacchi ou l’Algarde, face à ceux du “grand style”, comme Borromini, Pierre de Cortone et surtout Bernin.
L’intérêt du livre de Marion Boudon-Machuel est précisément de tenter une redéfinition rigoureuse de ce “classicisme”, à travers l’œuvre d’un artiste international, qui fit ses débuts dans les Flandres, puis devint l’un des protagonistes des cercles artistiques et érudits de Rome et dont l’influence s’étendit rapidement dans toute l’Europe du 17^e siècle.