Guy François (vers 1578-1650). Peintre caravagesque du Puy-en-Velay
Auteur(s)
Bruno Saunier, assisté par Oriane Lavit
Préface de
Olivier Bonfait
Parution
2018
Nombre de pages
240
Dimensions
240 x 320 mm
Nombre d'illustrations
398 dont 146 en couleurs
Type d'ouvrage
Relié
Édition
Arthena
ISBN
978-2-903239-63-3
Prix public
86,00 €
Guy François (vers 1578-1650). Peintre caravagesque du Puy-en-Velay
Arthena
Avec Jean Boucher de Bourges, Jean Chalette de Toulouse ou bien encore Horace Le Blanc de Lyon, Guy François appartient à cette génération de peintres français qui ont produit l’essentiel de leur œuvre en province, entre ces deux puissants courants de la création artistique que furent la seconde école de Fontainebleau et la peinture parisienne du temps de Simon Vouet.
Guy François a fait l’essentiel de sa carrière au Puy-en-Velay. Vraisemblablement né en 1578, il se rend dès le début du 17e siècle à Rome où il reste jusqu’en 1613. Dans la Rome des papes Clément VIII Aldobrandini et Paul V Borghèse, il côtoie le Caravage, Annibal Carrache ainsi que le cavalier d’Arpin et le jeune Guido Reni. Mais c’est surtout du Vénitien Carlo Saraceni dont il se sent le plus proche.
Revenu dans sa province natale, Guy François n’oubliera jamais l’Italie et toute sa peinture est imprégnée de réminiscences caravagesques tempérées de classicisme bolonais. Guy François peint des tableaux aux antipodes du maniérisme en vogue en France dans les années 1600-1615. En cela, il peut être considéré comme un précurseur, ayant été parmi les premiers à introduire le caravagisme en France, pratiquement au même moment que le Flamand Louis Finson. Sa grande Crucifixion peinte en 1619 pour l’église du collège des Jésuites du Puy-en-Velay est une œuvre d’une force magistrale dans son austère simplicité, tandis que la Madeleine du musée du Louvre témoigne d’une grande intensité poétique.
C’est certainement ce style de peinture, à la fois empreinte de réalisme et de classicisme, qui dût plaire aux ordres religieux de la Contre-Réforme, chargés d’enseigner et de propager les dogmes de l’Église dans toutes les provinces du royaume de France en proie aux tentations de l’hérésie protestante. La peinture de Guy François, simple mais puissante, évocatrice mais non dénuée de poésie, répondait parfaitement aux commandes de l’Église catholique réformatrice d’après le concile de Trente. Aussi, pendant une quarantaine d’années, Guy François a-t-il essaimé ses œuvres à travers tout le grand Sud-Ouest, de Bordeaux à Nyons dans la Drôme provençale, et de Gannat aux confins de l’Auvergne et du Bourbonnais jusqu’à Montpellier en Languedoc, en passant par Vienne et Tournon dans la vallée du Rhône, Cahors en Quercy et Toulouse. L’essentiel de sa production se trouve encore conservé dans les églises de son Velay natal et de l’Auvergne voisine.
Ce ne sont pas moins d’une centaine de tableaux et d’une vingtaine de dessins qui forment aujourd’hui le corpus des œuvres de l’artiste, principalement des grandes toiles destinées à être enchâssées dans des retables mais aussi des petits tableaux pour la dévotion privée, sur toile, sur bois ou sur cuivre. Peintre avant tout religieux, Guy François réalise aussi des portraits, disparus pour la plupart, et quelques décors profanes, comme une série des Femmes illustres ou Femmes fortes. On lui doit aussi le décor mural de l’église du Collège au Puy-en-Velay et sans doute celui d’une chapelle de l’église des Jésuites de Cahors. Outre les grands ordres religieux réformateurs, il travaille pour des princes de l’Église, les évêques du Puy-en-Velay, Just de Serres et Henri de Maupas du Tour, l’archevêque de Vienne, Philippe de Villars, mais aussi des commanditaires laïcs, la famille Aldobrandini à Rome, le vicomte de Polignac, le maréchal d’Effiat et le comte de Tournon.
Tout au long de sa carrière, il reste fidèle à ce caravagisme tempéré qui puise dans le quotidien du Velay, représentant dans ses Adorations de l’Enfant Jésus de vrais paysans pleins de bonhomie, vêtus de lourds manteaux et apportant en offrande agneaux, poules et colombes ou jouant de la cabrette.
Guy François est, en définitive, l’artiste qui diffuse le caravagisme dans une grande partie de la France. En ce sens il a écrit un chapitre important de l’histoire de la peinture française de la première moitié du 17e siècle.
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