Jean-Baptiste Perronneau (ca. 1715-1783). Un portraitiste dans l’Europe des Lumières
Auteur(s)
Dominique d'Arnoult
Préface de
Xavier Salmon
Avant propos de
Daniel Roche
Parution
2015
Nombre de pages
440
Dimensions
240 x 320 mm
Nombre d'illustrations
450 dont 170 en couleurs
Type d'ouvrage
Relié
Édition
Arthena
ISBN
978-2-903239-54-1
Prix public
130,00 €
Jean-Baptiste Perronneau (ca. 1715-1783). Un portraitiste dans l’Europe des Lumières
Arthena
Le portrait, particulièrement le portrait au pastel, connaît une vogue considérable dans une Europe du dix-huitème siècle où l’on ne dénombre pas moins de deux mille portraitistes.
Succédant à Hyacinthe Rigaud (1659-1743) et à Nicolas de Largillierre (1656-1746), puis à Jean-Marc Nattier (1685-1766), deux grandes figures dominent la scène française au milieu de ce siècle: Maurice Quentin Delatour et Jean-Baptiste Perronneau, son cadet d’une dizaine d’années.
Perronneau reçoit sa formation de dessinateur à Paris où il se fait rapidement remarquer. Agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1746, il y est reçu en 1753 avec ses portraits à l’huile du peintre Jean-Baptiste Oudry et du sculpteur Lambert Sigisbert Adam. Dans la tradition de l’Académie, Perronneau s’emploie à donner un prolongement à l’art de grands maîtres comme Van Dyck et Rembrandt, interprété dans un esprit nouveau.
Ses portraits vont être le plus souvent figurés en buste, peints au pastel ou à l’huile. L’enjeu alors est de concilier la ressemblance avec la science picturale propre à la grande peinture, tout en donnant une impression de facilité, voire une forme de désinvolture (la “sprezzatura”), qui doit dissimuler le travail de l’artiste. C’est un art qui doit de plus rencontrer la satisfaction du modèle. À la cour de Versailles comme à la ville, il est alors de bon goût de ne pas laisser paraître son rang sur son portrait: la simplicité est à la mode. Perronneau y excelle, sachant donner à des portraits travaillés au cours d’un grand nombre de séances l’impression qu’ils sont réalisés dans l’instant. Il devient ainsi l’un des peintres favoris du public du Salon du Louvre de 1746 à 1765.
La rivalité entre Perronneau et Delatour va s’afficher pendant plus de vingt ans au cours desquels l’un et l’autre vont exposer plus de cent portraits au Salon. Delatour ira même jusqu’à se confronter à son rival en 1750, en faisant exposer son autoportrait à côté de son propre portrait demandé à Perronneau. Les carrières des deux artistes restent cependant distinctes: Delatour peint la famille royale et la Cour, Perronneau préfère trouver une clientèle dans les capitales provinciales et étrangères. Ses modèles appartiennent à des milieux sociaux divers, aussi bien à la grande aristocratie qu’au monde du négoce ou à celui des arts.
C’est la vision d’une autre France, d’une autre Europe que celle habituellement représentée par ses rivaux qui apparaît sous les pastels et les pinceaux de Perronneau, celle d’un monde des Lumières en mouvement.
En butte à la critique qui lui reproche notamment de choisir des modèles inconnus du grand public à partir de 1767 et voyant sa position à Paris compromise, Perronneau prend le parti de s’éloigner de la capitale et de la France où il ne revient plus qu’épisodiquement après 1773. Ses itinéraires le conduiront alors dans les villes européennes où résident les grands négociants et financiers, en Hollande et en Allemagne essentiellement. À la fin de sa vie, il entreprend un long voyage à Saint-Pétersbourg et Varsovie, avant de s’éteindre à Amsterdam en 1783.
Il faudra attendre le tournant du vingtième siècle pour que les contemporains des Impressionnistes redonnent à Perronneau la place qu’il mérite. Ses portraits sont alors recherchés par les plus grands collectionneurs (Jacques Doucet, Camille Groult, Arthur Veil-Picard et David David-Weill) qui sont sensibles à la ressemblance savante et à la vérité de ses figures, à sa touche vibrante et à son talent immense de coloriste.
S’attachant à une lecture attentive des textes de l’époque sur le portrait et restituant les enjeux esthétiques du moment, riche de plus de quatre cents illustrations d’œuvres souvent inédites, l’ouvrage de Dominique d’Arnoult comble une importante lacune et permet de prendre toute la mesure de l’un des plus grands portraitistes français.
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