Fils de Noël Coypel et frère cadet d’Antoine, Noël-Nicolas Coypel tient une place capitale dans l’émergence du style rocaille. L’Enlèvement d’Europe du musée de Philadelphie, peint pour le fameux concours de 1727, reste l’un des fleurons de ce style sensuel et raffiné.
L’artiste restait néanmoins mal connu, probablement en raison de sa disparition prématurée et de la rareté de ses œuvres localisées. Les recherches de Jérôme Delaplanche ont permis, à travers de nombreuses redécouvertes, de reconsidérer sa place singulière dans la peinture française du début du 18^e siècle. Ses œuvres mythologiques rivalisent sans peine avec les toiles des Lemoyne, de Troy, Bertin, Galloche. Elles ont été très tôt collectionnées par quelques-uns des amateurs les plus distingués de ce temps tel le comte de Morville, le marquis de Villette ou le comte de Tessin. Sa peinture religieuse est tout aussi intéressante car, contrairement à beaucoup de ses contemporains qui ne prêtèrent qu’une attention relative au sujet, Coypel fait preuve d’un talent d’invention remarquable.
La légèreté gracieuse des tableaux et des dessins ne doit pas dissimuler, en effet, la volonté de l’artiste de parvenir à la création d’une œuvre parfaitement cohérente, aux options esthétiques affirmées, qui ne néglige jamais l’aspiration à l’idéal de la “grande peinture”.
Les contemporains et les biographes de l’artiste ont d’ailleurs relevé l’intelligence des sujets abordés au même titre que l’habileté de son pinceau. Mais l’époque de Noël-Nicolas Coypel était particulièrement difficile pour les peintres en raison du ralentissement du mécénat royal et ecclésiastique. Il est assez émouvant de suivre la carrière de cet artiste qui chercha toute sa vie à se faire une place entre François Lemoyne et Jean-François de Troy.